Sahel : Ce qui doit changer Pour une nouvelle approche centrée sur les besoins des populations

Recommandations de la Coalition citoyenne pour le Sahel

En janvier 2013, l’arrivée de troupes françaises au Mali pour stopper l’avancée de groupes armés dits djihadistes dans le pays marque le début d’une intervention massive de la communauté internationale pour faire face à une crise multidimensionnelle sécuritaire, mais aussi institutionnelle, politique, sociale et humanitaire – qui s’est progressivement étendue à l’ensemble des pays du Centre du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger).

Malgré l’engagement soutenu et les investissements significatifs des partenaires internationaux et des États de la région, la situation du Sahel n’a pourtant cessé de se détériorer au fil des ans. Les populations civiles sont les premières victimes de violences perpétrées, en toute impunité, par des acteurs variés, à commencer par des groupes identifiés comme djihadistes, des groupes communautaires identifiés comme milices d’autodéfense, des groupes criminels, ainsi que par des éléments des forces de défense et de sécurité nationales et régionales. 2020 a ainsi été l’année la plus meurtrière pour les civils, avec près de 2300 morts au Burkina Faso, au Mali et au Niger, selon les dernières données d’ACLED1 ; et à l’échelle des trois pays, plus de civils et suspects ont été tués par des militaires pourtant censés les protéger que par des groupes djihadistes2. Près de deux millions de personnes ont dû fuir leur foyer à cause des violences dans ces trois pays du Sahel central, un chiffre multiplié par 20 en deux ans3. Six déplacés sur dix sont des enfants4 et environ 13 millions de filles et de garçons sont privés d’éducation5.

Ces violences attisent des tensions communautaires, sur fond de compétition pour l’accès aux ressources aggravée par les changements climatiques, et contribuent à fragiliser davantage la confiance des populations envers des États déjà minés par une grave crise de gouvernance, comme l’a illustré le coup d’État survenu au Mali en août 2020. L’insécurité au Sahel commence à déstabiliser le reste de l’Afrique de l’Ouest, notamment les pays du Golfe de Guinée6. La pandémie de Covid-19 n’a fait qu’ajouter aux nombreux défis auxquels sont confrontés les Sahéliens, notamment en compliquant les interventions extérieures dans la région.

Face à un tel bilan, force est de s’interroger sur l’efficacité de la stratégie adoptée pour stabiliser le Sahel. Depuis 8 ans, la priorité a été donnée à l’action militaire, à travers des opérations contre-terroristes menées par les armées sahéliennes aussi bien à titre national que dans le cadre de la Force conjointe du G5 Sahel, organisation intergouvernementale créée en 2014 réunissant le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad, ainsi que par des troupes internationales, au premier rang desquelles la force française Barkhane. Cette approche vise, une fois la sécurité assurée, à permettre le retour de l’État et à favoriser le développement, selon une stratégie formalisée lors du sommet du G5 Sahel qui s’est tenu à Pau (France) en janvier 20208. L’investissement dans la lutte contre le terrorisme, qui va de pair avec un renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité sahéliennes, est estimé à 2 milliards d’euros par an, soit quatre fois plus que les montants annuels moyens alloués à l’aide humanitaire ces quatre dernières années9. Parallèlement, les dépenses sécuritaires des trois pays considérés se sont envolées ces dernières années – elles pèsent jusqu’à un cinquième des budgets nationaux10 –, souvent au détriment de projets sociaux de base. Pourtant, la réponse sécuritaire telle qu’elle a été menée11 n’a pas permis d’améliorer la vie quotidienne des populations. Au contraire, elle a souvent conduit à davantage d’incidents contre les civils.

C’est précisément pour mieux faire entendre la voix des populations les plus touchées par la crise que s’est constituée, en juillet 2020, la « Coalition citoyenne pour le Sahel »12. Cette alliance informelle inédite d’une trentaine d’organisations de la société civile ouest-africaine13, soutenues par une quinzaine d’ONG internationales, a pour objectif de s’appuyer sur l’expertise sahélienne pour souligner les limites de l’approche actuelle centrée sur la réponse militaire et convaincre les gouvernements de la nécessité de développer une vision articulée autour des besoins fondamentaux des populations.

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