Retraité sans retraite comme stade ultime de la précarisation et de l’informalisation généralisée des emplois au Cameroun

Un contraste frappant est ce qui apparaît en premier lieu lorsqu’on observe les mobilisations sociales à l’œuvre en France autour de la problématique des retraites alors que ce pays dispose de biens enviables acquis sociaux, et l’aphonie des travailleurs d’un pays africain qu’est le Cameroun, où il est ordinaire que la fin des années de service s’assimile à la descente aux enfers.

C’est le paradoxe de ce silence qu’interroge cette analyse à partir de la figure de retraités sans retraite comme stade ultime de la précarisation et de l’informalisation des emplois au Cameroun. L’histoire de la construction institutionnelle de ce droit au Cameroun, l’examen de l’évolution de l’économie de l’emploi sous la pression d’une libéralisation sauvage, le tout débouchant sur des recommandations, sont les trois grandes articulations de cet article.

L’incursion historique permet de révéler l’immobilisme, l’inadéquation et l’extraversion d’un système de retraites résultant à l’origine d’une double importation dans le droit interne : D’abord ce qui tenait lieu sous la colonisation du droit métropolitain en la matière et ensuite le droit international dans une perspective parcellaire. Ce qui pose depuis lors un problème de réelle appropriation, par les différentes parties directement intéressées et l’ensemble de la société camerounaise, du sens qui fonde la substance de ce droit.

L’analyse de l’évolution de l’économie de l’emploi quant à elle, s’opère à partir de deux mouvements de fond résultant de la crise générée par l’ajustement structurelle dans le tissu économique camerounais. Le premier mouvement analysé, décrit le phénomène de précarisation des emplois, du fait du rétrécissement des salaires tant dans le secteur public que dans le secteur privé formel avec des effets induits sur le niveau des retraites et l’inflation de la corruption dans les administrations. Laquelle plombe les procédures d’accès à ce droit pour les travailleurs mis à la retraite. Le second mouvement c’est l’informalisation, résultant de l’émergence d’une économie de la débrouille qui vient à représenter une proportion majoritaire de la production nationale. Sauf qu’elle s’opère dans une logique d’exclusion du dispositif, fort tenu, de protection sociale existant.

Ses deux mouvements semblent évoluer sans frein du fait d’un syndicalisme émasculé par un Etat qui porte encore les réflexes des années de fer du monolithisme. Mais également du fait, d’un phénomène plus pernicieux qui s’apparente à une culture de déni dans le rapport qu’entretient l’ensemble de la société au vieillissement du travailleur. Le problème de la gouvernance des retraites au Cameroun, renvoie donc ainsi à des enjeux d’ordre culturels, politiques et de gouvernance économique qui appellent à des initiatives multi-acteurs pour l’élaboration d’une vision partagée sur les réformes à mettre en œuvre. /.

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