Subir une césarienne, un luxe pour la femme rurale

Les tribulations d’une femme de brousse enceinte

Kabakoto est un village situé non loin de Kayemor qui est le chef-lieu de la communauté rurale limitrophe. En état de grossesse, la femme de mon fils qui a élu domicile à Kabakoto a fait toutes ses visites prénatales au poste de santé de Kayemor, proximité oblige et occasion pour elle de rencontrer sa belle-mère.

Quand il s’est agi d’accoucher, il y avait des complications et la femme a été évacuée sur Nioro en contournant le « Baobolong » (à cette période d’hivernage, le cours d’eau coupe le chemin et pour des raisons de sécurité, les gens préfèrent ainsi faire un grand détour pour se rendre à Nioro).

Arrivée à Nioro, là non plus on ne pratiquait pas encore la césarienne et il fallait se diriger vers Kaolack à l’hôpital régional El Hadj Ibrahima NIASSE.

A Kaolack, tout s’est bien passé, la césarienne a été faite sans encombre. Toutefois, il a fallu débourser près de 150 000 francs. La sage – femme, en nous libérant, nous a expliqué que les traitements restants pouvaient bien se faire au Poste de Kayemor et sans payer.

A Kayemor, quand elle est venue pour suivre le traitement, elle a été sommée, non seulement d’acheter le ticket à 200 francs la séance, mais aussi d’apporter sa propre compresse.

Finalement je me suis résignée à leur dire que j’ai payé près de 150 000 francs à Kaolack et que j’étais disposée à m’acquitter des 200 francs par séance.

Il faut peut – être souligner qu’au Poste de Kayemor il y a 6 vendeuses de ticket qui sont payées à partir du montant mensuel de la vente. Donc, elles ont intérêt à vendre beaucoup de tickets. Semble-t-il, les textes stipulent que les 25 % du produit de la vente doivent revenir aux vendeuses. Mais à Kayemor, le comité de santé a au départ fixé le taux à hauteur de 50 %. Et maintenant, le comité de santé a décidé de fixer un salaire mensuel à chaque vendeuse.

Commentaires

La situation de la santé des populations rurales est on ne plus préoccupante. Et elles en payent un lourd tribut qui dépasse le seuil d’une participation à l’effort de santé.

Même si la césarienne est aujourd’hui pratiquée au niveau du district sanitaire à Nioro, il reste que ce programme est loin d’être gratuit comme on voudrait le faire croire. Le tarif serait de quelque 35 OOO francs ; évidemment très en deçà de la somme exigée au niveau de la région médicale.

Notes

Baobolong est un défluent du fleuve Gambie. Il coule du Nord-Est vers le Sud-Ouest, sur une distance de 40 kilomètres en territoire sénégalais. Il forme de nombreux méandres qui, par recoupement, ont isolé des bras du cours d’eau. Son régime est dépendant des eaux de pluie et du régime de crue du fleuve Gambie, mais également des remontées d’eau marine, d’où l’importance des taux de salinité, plus bas pendant l’hivernage avec les apports du ruissellement

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