Grandeurs et misères de la coopération scientifique sud-sud

Le tiers-monde demeure très hétérogène en ce qui concerne la recherche scientifique. Ainsi nombre de pays comptent déjà des infrastructures de recherche notables; aussi leur défi à l’heure actuel est d’orienter la recherche vers la pérennisation des moyens de financement et l’utilisation adéquate des capacités existantes. Par contre, pour d’autres pays, le défi réside encore dans la création et l’implantation des infrastructures de recherche.

Dans un cas comme dans l’autre, la recherche nécessite d’importants moyens financiers encore difficilement mobilisables par un pays du Sud. Ainsi cet investissement préliminaire a toujours été beaucoup plus basé sur la coopération Nord-Sud qui, même si elle est quelques fois fructueuse est loin d’être une panacée.

 

En effet, de nombreux problèmes (gestion de l’environnement, promotion du développement soutenable, recherche sur le climat et utilisation des ressources naturelles.) pourtant familiers aux pays du Sud sont très peu connus par rapport à ceux du Nord et n’éveillent encore que peu d’intérêt chez les chercheurs des pays développés.

Il est certes établi que la que la coopération Nord-Sud a abouti au financement de plusieurs projets de recherche. Notons cependant que les financements ont toujours été orientés vers des domaines qui satisfont le plus les intérêts ou tout simplement la conscience des donateurs. Pourtant, des problèmes que vit le tiers-monde au quotidien et qui sont un véritable frein au développement ne font pas toujours partie de cette priorité. De plus les projets aboutissent plus difficilement à des résultats satisfaisant avec des pays ayant une grande différence de capacité scientifique. D’où la nécessité de délocaliser une partie de la coopération Nord-Sud vers une coopération Sud-Sud afin d’homogénéiser les capacités scientifiques et les enjeux.

 

Outre l’avantage de coût réduit qu’offre une coopération Sud-Sud, elle minimise les barrières culturelles. Cette coopération qui se fera autour des projets communs offre d’autant plus d’avantages que les pays engagés se situeront plus ou moins au même niveau de développement scientifique et technique. En mettant en commun leurs ressources dureste modestes et leurs expériences (qui sont très souvent les mêmes partout), les pays du Sud pourront arriver à de résultats importants et opératoires.

De même des régions possédant des niveaux de développement scientifiques inégaux ne peuvent aboutir à des coopérations fructueuses que si elles sont confrontées aux mêmes problèmes spécifiques. Ainsi l’Afrique sub-saharienne et le Nordeste du Brésil présentent de grandes zones arides et peuvent travailler avec succès au développement des solutions technologiques communes.

 

C’est ce type de coopération que l’Académie des Sciences du Tiers-monde (TWAS) et ses organisations associées, le Réseau des Organisations Scientifiques du Tiers-monde (TWNSO) et l’Organisation des Femmes Scientifiques du Tiers-monde (TWOWS) encouragent en offrant aux chercheurs du Sud des aides pour travailler dans des institutions du tiers-monde.

Commentaires

Autant certains aspects de la coopération Nord-Sud sont décriés, la coopération Sud-Sud se présente comme une lueur d’espoir pour les progrès scientifiques du tiers-monde. Bien que la coopération Nord-Sud a souvent abouti à une importante aide matérielle, il n’est pas aberrant de noter que ce matériel est parfois sous-exploité ou même pas exploité du tout. En effet l’écart entre les capacités technologiques nécessite toujours la formation et le recyclage du personnel local pour l’utilisation du matériel provenant du Nord. Parfois, cette formation n’est pas arrivée à terme lorsque de nouvelles technologies acquises rendant aussitôt les précédantes obsolètes. Ainsi, le chercheur se retrouve dans une sorte de tourbillon technologique marqué par un éternel recommencement et un snobisme de mauvais aloi. Par moment, au pire des cas, ce matériel est tout simplement inadapté à l’environnement du pays d’accueil. C’est le cas par exemple de l’université de Dschang (ouest Cameroun) où un laboratoire d’analyse desol dispose du matériel resté jusqu’ici inexploité parce que renvoyé à l’obsolescence par l’acquisition d’un autre matériel venu des USA.

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