Poids de la famille et des partis politiques dans la gestion des communes: Le cas de la commune de Sokodé au centre du Togo.

Quand une initiative de mobilisation de fonds ouvre une crise entre le maire et le Secrétaire Général d’une commune.

Sokodé est une commune urbaine au centre du Togo avec une population estimée à environ 113.000 habitants en 2005. Ceci la place au rang de deuxième ville du pays après la capitale Lomé.

La commune fonctionne avec des ressources limitées qui lui viennent essentiellement de la vente de timbres, des taxes sur les services marchands (boutiques, gares routières, abattoirs, tickets de marchés) et des maigres impôts reversés par les services des impôts.

Le Gouvernement d’Union National mis en place en 1994 et dirigé par un Premier Ministre de l’opposition (Edem Kodjo), avait décidé, pour l’efficacité de la gestion des communes du pays, de nommer dans toutes les municipalités du Togo, des techniciens sortis de l’Ecole Nationale d’Administration de Lomé.

Pour accroître les recettes de la commune, la mairie de Sokodé avait décidé de construire des latrines publiques à l’intérieur du périmètre urbain.

Le nouveau Secrétaire Général de la mairie se rend compte que les latrines publiques, bien que fréquentées par la population, ne rapportaient pas de ressources conséquentes aux caisses de la commune et que les redevances dues par les opérateurs économiques pour les plaques publicitaires (droits d’implantation et redevance annuelle) n’étaient pas versées.

Le Secrétaire Général décide:

1. d’enlever les plaques des sociétés débitrices et de ne les rendre qu’une fois la redevance payée couvrant le temps que la société ne s’est plus acquitté de cette redevance.

2. de remplacer les agents ayant en charge la gestion des latrines publiques (chargés de la vente des tickets à l’entrée des latrines).

La stratégie n’a pas tardé à produire ses fruits. Les sociétés se sont pliées à la décision du Secrétaire Général et se rendaient à la mairie payer les sommes dues et reprendre leurs plaques publicitaires.

Après une journée, l’opération avait déjà rapporté 250.000F CFA aux caisses de la commune.

De l’autre côté,après une journée de gestion des latrines, les nouveaux agents placés par le Secrétaire Général ont rapporté l’équivalent d’un mois de recettes des anciens agents.

Mais un coup de théâtre se produit le lendemain (deuxième jour de l’opération). Le maire s’oppose à l’initiative du Secrétaire Général.

S’agissant des plaques publicitaires, le maire n’a pas apprécié que l’on puisse arracher les plaques publicitaires d’une société dirigée par un beau frère à lui.

Pour ce qui est des latrines publiques, il allégua le motif selon lequel, les agents chargés de la vente des tickets appartiennent au même parti politique (Rassemblement du Peuple Togolais-parti au pouvoir) que lui.

Il soutient que ces jeunes sont ceux qui les avaient protégés (milices)lors des troubles politiques qu’a connus le pays en 1990.

On comprend alors que le choix des agents chargés de travailler pour renflouer les caisses de la commune n’a pas répondu au souci d’efficacité mais se présente comme une récompense politique pour services rendus, pour le militantisme et l’activisme.

D’autre part, la famille du maire et même ses connaissances sont au-dessus de la loi dans la commune.

Commentaires

Cette expérience montre que la famille et surtout les partis politiques peuvent être, au niveau local, un obstacle à la mobilisation des fonds.

La représentation des partis politiques aux élections locales est mise en question.

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