Les élections législatives à l’épreuve de l’appartenance aux partis politiques

Après une décennie d’élections démocratiques (1998) le besoin des élections transparentes, libres et démocratiques voire sans violences pré ou postélectorales s’est de nouveau fait sentir lors des élections législatives d’octobre 2007 au Togo.

Les partis politiques ne voulant ou ne pouvant pas donner le nombre exact de leurs membres, militants ou sympathisants, tous les partis arrivèrent au consensus d’un accord désigné sous le générique d’Accord Politique Global (APG). Il fallait de nouveau procéder à un découpage des circonscriptions électorales et procéder à un recensement de la population à travers l’établissement d’une carte électorale qualifiée d’infalsifiable avec des caractères biométriques.

Les élections, cette fois-ci, et le gouvernement en donnait la garantie, seront équitables, démocratiques et transparentes. Mis au ban de la communauté internationale pour déficit démocratie, le Togo voulait se faire établir un certificat de bonne conduite et de maturité politique et avait pris des engagements auprès de L’Union Européenne qui depuis 1993 avait rompu sa coopération économique. Le gouvernement avait besoin de cette bouffée d’oxygène financière que représentait la reprise de la coopération. La tenue de ces élections législatives d’octobre 2007 en était devenu le test et il fallait coute que coute le réussir.

Accusé par tous les partis de l’opposition comme étant un spécialiste des élections frauduleuses, le parti au pouvoir prit donc la communauté internationale à témoin comme gage de sa bonne foi et de sa sincérité à organiser des élections non frauduleuses. Et pour preuve on allait établir de nouvelles cartes électorales à la population, qui par ce biais allait se faire recenser. Chacun ira dans son canton et dans sa préfecture de résidence et se fera enregistrer dans un centre de recensement qui, le jour du vote, servira aussi de centre de vote.

Ces centres de recensements ou de vote seront dirigés par une équipe directrice composée de membres que les membres des partis signataires de l’APG y délégueront. Par souci d’équité et de transparence, le président du centre, son rapporteur et les observateurs, au total une équipe de cinq personnes, viendront de partis différents de sorte que deux membres ne pourront provenir d’un seul et même parti.

Seuls les techniciens de saisie , ici appelés Opérateurs de saisie, OPS, sont recrutés sur une base professionnelle par la Commission Nationale Electorale Indépendante, CENI, qui les a confié à une Commission Electorale Locale Indépendante, CELI, une subdivision de la CENI et avaient un devoir de neutralité, étant au dessus des partis dans leur fonction.

La population dans le canton concerné, celui de Baguidah, sortie massivement pour se faire inscrire sur la liste électorale. Sa méfiance était grande. Elle considérait tous ceux qui étaient chargé de procéder aux opérations de saisie des identités et d’établissement de la carte électorale par voie électronique et informatisée ou de les surveiller, comme de possibles agents fraudeurs du gouvernement ou de l’Etat. La même atmosphère de méfiance régnait parmi les membres de l’équipe directrice du centre de recensement, à cause de leur appartenance politique. C’étaient plutôt des concurrents politiques. Ce fait allait perturber le déroulement du processus de saisie. Chacun considérait toute personne venue se faire recenser, c’est-à-dire se faire établir une carte électorale, comme étant un membre supposé de son parti et usait de son autorité que toutes ses connaissances aient un droit de préséance dans la délivrance de ce document capital. Ce possible futur électeur devenait ainsi une personne privilégiée qui devait passer avant tout le monde dès qu’elle accédait à la cour du centre. Ceci donnait lieu à des tris. Au lieu que les gens fassent une file ordonnée, selon le principe de l’heure d’arrivée, pour enter dans la salle de saisie, chacun des membres de l’équipe directrice, sortait de temps à autre pour aller procéder à un tri, c’est-à-dire inviter ses « connaissances », (amis, voisins de quartiers, parents, etc..) à faire fi de la file d’attente. Les fiches d’inscription, une fois distribuée par les opérateurs de saisie, étaient confisquées par ceux chargés de les remplir selon le principe : « je t’inscris si je te reconnais sympathisant de notre parti. » Ce comportement envenima l’atmosphère parmi la population. L’administration s’étant rapproché de l’administré à cette occasion. Les gens se connaissaient. Car pour faciliter la délivrance de la carte électorale à des gens qui ne savent ni lire ni écrire et qui n’ont jamais eu d’état civil, le chef de canton et son envoyé devait donc témoigner, c’est-à-dire, si oui ou non, il connait telle personne venue se faire enregistrer. Et sa parole donnée suffisait. Il connaissait tous les sympathisants de son propre parti et doutait de la provenance de tous ceux qu’il considérait hostiles.

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